Ce soir les enfants ont autre chose en tête que notre prochaine étape au Nouveau Mexique.

En effet cela fait un mois que tout le monde en parle aux USA, un mois que les rayons des magasins y sont consacrés, plus de 15 jours que les décorations de la plupart des maisons américaines ont changé.

Et c’est ce soir, le grand soir d’Halloween !!!

Oui, je sais que le 31 Octobre est déjà loin. Mon retard dans les articles apparait au grand jour. Moi qui ne mettait pas de dates ni de jours dans mes articles pour ne pas que vous vous rendiez compte du décalage entre les publications et le direct, je viens de me faire bêtement démasquer  le jour d’Halloween (c’est un comble).

Ici, c’est un évènement très important et très suivi. Les citrouilles fleurissent devant les maisons, les décors terrifiants ornent quasiment tous les magasins. Les rayons des supermarchés débordent de sacs de bonbons en tous genres et de déguisements.

Les enfants n’ont pu résister à participer à cette célèbre fête, surtout que l’on peut y récupérer un nombre invraisemblable de confiseries.

Le soir venu, Patricia enfile son déguisement pour accompagner nos terribles monstres dans les rues illuminées par les lueurs des citrouilles sculptées. On aperçoit ici et là des groupes de zombies, des fantômes, des sorcières se déplaçant en riant entre les maisons.

C’est dans cette ambiance particulière mais festive  que Jules et Tristan accompagnés de leur maman  vont sans aucune appréhension frapper à la porte des maisons en prononçant la célèbre phrase «  Treat or trick », ce qui signifie  des bonbons ou un sort. A la vue de leurs seaux débordant de bonbons au retour dans le camping-car, j’imagine aisément  qu’ils n’ont pas du distribuer beaucoup de sorts.

Le lendemain, c’est gavés de bonbons que nous prenons la route de notre deuxième visite au Nouveau Mexique : El Morro National Monument.

Mais juste quelques kms avant, nous faisons une halte à Bandera Volcano. Comme son nom l’indique, cette petite promenade  va nous permettre de découvrir les coulées de lave et le cratère d’un ancien volcan.  Nous grimpons le long d’un sentier traversant les étendues dévastées par lave, même après toutes ces années la végétation a du mal à reprendre les dessus.

Puis nous atteignons un  cratère  aux parois vraiment  abruptes.

Ce site a aussi la particularité d’abriter une grotte enfouie sous les coulées de lave. Dans cette cavité, la température ne monte jamais au-dessus de 0°C et  une épaisseur de plus de 2 mètres de glace s’est formée sous une petite mare à l’étrange couleur verte

Quelques minutes de route plus loin nous arrivons à El Morro National Monument. Cette mesa de 60 mètres de haut domine le plateau.

Elle a longtemps servi de point de repère aux différents voyageurs qui y ont gravé leur nom. On peut ainsi observer des inscriptions datant des colons espagnols ou des premiers pionniers.

On emprunte ensuite un sentier nous menant au sommet de la Mesa. Les roches changent de couleurs et passent du jaune au blanc.

Surplombant ainsi le plateau, on découvre enfin les vestiges d’habitations indiennes, encore les Anasazis.

C’est un modèle 2012, ayant 3 000 miles au compteur,(soit environ 5 000 km).

Avec boite automatique et régulateur de vitesse.

 Il a 1 grands lits permanent, 1 grand lit dans la capucine et un lit 1 place en transformant la dinette.

  Il a aussi un four, un four micro-ondes, un évier , un gaz 3 feux, une hotte, un frigo et un congélateur ( le grand luxe).

Il a aussi un coin salle de bain avec WC et douche. Et pour les matins froids un chauffage de la cellule ou la clim s'il fait trop chaud ( utilisé 1 fois)

 . Par contre, il «boit» 200 litres d’essence d’un coup et prend un peu de place pour se garer car il fait 7 mètres de long et presque 4 mètres de haut.

 Le moteur est un V8 de 6,8 litres mais on se traîne tout de même pour une consommation de 25 litres aux 100 km à la folle vitesse de 50 miles/heure environ . (80 km/h)

Il possède également une très grande soute que nous aurons finalement presque réussi à remplir en fin de séjour et un porte vélo pour nos 4 montures.

Natural Bridges Monument

Nous quittons Monument Valley et les Navajos pour retrouver  un National Monument. Les « National Monuments », comme les «  National Park »s sont des endroits gérés  et protégés par des agents de l’état : les Rangers.

 On a souvent l’idée d’une Amérique  totalement livrée au diktat du marché, où l’écologie est toujours reléguée au second plan, mais force est de constater que nous aurions surement des conseils à recevoir en matière de gestion du patrimoine naturel.

Tous ces parcs ou monument sont rigoureusement contrôlés et protégés de toutes dégradations humaines (aucune constructions privées, pas le droit de ramasser du bois mort …). Et quand je parle de parcs aux Etats Unis, je ne parle pas de jardins publics. Imaginez, rien que le parc du Grand Canyon a une superficie supérieure au département du Doubs.

Bref, nous nous rendons à Natural Bridges Monument dans l’état de l’Utah. La route, comme presque toujours  d’ailleurs, est loin d’être sans intérêts. Nous passerons par un petit State Park : Goosenecks. Tiens, cela me fait penser que je ne vous avais pas parlé des State Parks, qui sont eux gérés par des agents de l’état concerné (nos régions à nous). Ce sont souvent des endroits un peu plus récréatifs, des lacs, des forêts….

Goosenecks  est un peu différent, c’est un formidable panorama sur les méandres de la San Juan River.

Puis l’on se retrouve face à un panneau encore inconnu, Que signifie-t-il ?

Cela veut seulement dire que la route se transforme subitement en piste, déconseillée aux bus, aux camping-cars et aux camions. Mais bon, on n’est pas venu jusque-là pour faire demi-tour au premier obstacle. La piste en gravier assez étroite s’élève fortement   en faisant des lacets assez serrés. Le vide est proche et aucune barrière pour nous protéger.  Un peu impressionnant, tout de même.

Arrivés au sommet nous prendrons une photo pour immortaliser ce passage.

Nous atteignons enfin Natural Bridges Monument sous un ciel très couvert qui ne se dégagera que très peu lors de ces 2 jours. Nous aurons même droit à quelques belles averses et à des températures bien fraiches (nous sommes tout de même à plus de 2500 m). Heureusement c’est seulement notre 5^ème jour de pluie en 4 mois.

Le parc, comme son nom l’indique, regroupe plusieurs ponts de pierres creusés par la rivière au fond du canyon.

Sipapu Bridge est le deuxième plus grand du monde. Nous utiliserons même quelques échelles pour descendre au fond du canyon l’admirer  de plus près.

 Nous redécouvrons les belles couleurs de l’automne. On avait presque oublié que l’été était terminé.

Puis ce sera au tour de Kachina Bridge

Et Owachomo Bridge.

En reprenant  la route  nous passons par un endroit un peu insolite. C’est le seul point  aux Etat unis  unissant la frontière de 4 états simultanément. Il s’appelle tout naturellement Four Corners. Ces états sont l’Utah, l’Arizona, le Colorado et un petit nouveau pour nous, le Nouveau Mexique.

Une photo souvenir à cet endroit particulier s’imposait.

Lees Ferry

Le dernier endroit que nous visiterons dans les alentours de Page est Lees Ferry. Il s’agissait d’un point stratégique de l’ouest américain. Jusqu’au milieu du XXème siècle, c’était le seul endroit, à plus de cents kilomètres à la ronde pour traverser le Grand Canyon et ainsi passer de l’Utah à l’Arizona.

Les mormons  profitaient ici d’un terrain enfin dégagé de toutes falaises pour traverser le Colorado et venir se marier civilement en Arizona avant de retourner en Utah pour la cérémonie religieuse. Les mormons étaient alors tout juste tolérés dans les autres états à cause de leur polygamie.

En 1929, après le naufrage du ferry, on inaugura le premier pont (Navajo Bride). Celui-ci devenant trop fragile et trop étroit, il fut classé monument historique  et un nouveau pont fut construit à côté en 1994. L’un est réservé aux piétons et l’autre aux véhicules.

Puis, comme il n’existe pas d’endroits dans l’ouest américain n’ayant pas sa petite curiosité géologique, on se retrouve face à 2 gros rochers en équilibre, appelé ici Balanced Rocks.

Nous passerons une nuit le long du Coloradon avant une dernière rando  au fond d’un canyon (Cathedral Wash).  Le canyon se rétrécit peu à peu  et il devient nécessaire de faire un peu d’escalade pour suivre les cascades du wash (rivière sèche) jusqu’à l’embouchure avec le Colorado.

Heureusement un Osprey (faucon) nous montrera le chemin à suivre, pour avoir la joie de tremper nos pieds dans ce fleuve mythique de l’ouest.

C’est en lisant certains récits de voyageurs et en admirant certaines photos que l’idée de partir dans l’ouest américain s’est imposé à nous. On pouvait alors rêver de se retrouver en famille dans ces endroits extraordinaires à admirer ces lieux uniques dans le monde.

Patricia rêvait de se retrouver un jour face aux eaux turquoise du lac Moraine au Canada et découvrir les couleurs surnaturelles du grand Prismatic à Yellowstone. Elle a donc pu vivre ces moments intense en émotion, ces moments où le rêve devient réalité.

Pour ma part j’avais  repéré un endroit magique représenté par des photos  irréelles. En légende de ces images, il était inscrit : The Wave.  Mais ce lieu n’était  mentionné dans aucun guide. Il a donc fallu chercher sur internet, fouiller dans les blogs de voyageurs pour découvrir que cet endroit se situe en fait dans une région appelée Vermillion Cliff  à seulement quelques kilomètres de Page.

Le lieu précis de The Wave (la vague)  n’est mentionné sur aucune carte car c’est un site fragile que les Rangers veulent protéger. Pour cela ils autorisent seulement 20  personnes par jour  à se rendre sur ce site. 10 personnes peuvent gagner leur billet par une loterie sur internet avec un tirage au sort 4 mois avant le jour voulu et 10 personnes sont tirées au sort lors d’une loterie organisée la veille au bureau des rangers. Ne sachant pas quel  jour nous serions à Page 4 mois plus tôt, il ne nous restait alors que la seconde solution.

Nous arrivons donc à 8h30 à Paria Station. Alors que nous nous attendions à ne voir qu’une dizaine de personnes à cette date assez éloignée de la haute saison, nous voici entourés d’une cinquantaine d’individus  bien décidés à empocher les derniers billets. Nous remplissons le formulaire d’inscription (1 par groupe de 6 maximums) et attendons sagement la loterie.

Il est 9HOO, la ranger récapitule le nom des groupes et leur numéro attribué pendant qu’une autre sort sa roulette de bingo et y insère la boule du numéro appelé. Nous serons le n°22 et 25 groupes sont présents ce jour pour un total de 57 personnes.

La tension monte, la ranger fait tourner sa roulette, on entend plus que le bruit des billes numérotées qui s’entrechoquent. Puis la première bille sort, c’est le n°…….  Twenty two.

Super ! Nous n’avons encore pas tout à fait réalisé que  nous avions gagné  que la ranger annonce que le groupe tiré au sort est composé de 4 personnes et qu’il ne reste donc plus que 6 places. On entend alors des « Ho », « Hoou ». On savoure silencieusement notre bonheur de peur que les autres nous bondissent dessus pour nous arracher nos billets. Certains tentent leur chance pour la deuxième ou troisième fois consécutive. Nous sommes vraiment chanceux !!! Si ce n’était pas si loin on serait presque retourné à Las Vegas profiter de notre chance du jour.

A la fin du tirage, la ranger attend que les malheureux perdants sortent de la salle à la recherche d’une autre ballade et nous convoque pour nous expliquer les consignes et le plan pour trouver The Wave. Un bon ¼ d’heure d’explication en anglais avec photo à l’appui pour ne pas se perdre sur le chemin car celui-ci n’est pas balisé. Malgré nos gros progrès en anglais depuis 4 mois, certains passages nous ont tout de même échappé et nous ne faisons pas les malins. On se renseigne  sur les 14 kms de piste pour atteindre le point de départ, la ranger ne sait pas si cela passera en camping-car. Tant pis on essaiera quand même et puis au pire on finira en vélo.

Le lendemain matin, c’est muni de nos permis et des plans détaillés que nous pénétrons sur la piste.

Le chemin en gravier est tout d’abord extrêmement  gondolé, même à 20 km/h notre RV vibre de toute part, les assiettes s’entrechoquent, les portes des placards s’ouvrent … Pour ne pas entendre tout cela nous poussons la musique à fond.

Puis les graviers se transforment en sable. Cette fois ci la poussière envahit l’habitacle  mais il faut rester concentré et bien viser les ornières où le sable est tassé. 1 ou 2 passages de ruisseau à sec plus loin, quelques petites frayeurs dans des passages un peu pentus et  nous retrouvons une piste en meilleur état. Nous  achevons ces 14 km en un peu plus d’une demi- heure.

C’est parti pour les 4 km de marche.  La distance est faible, mais il va falloir se concentrer sur l’orientation. Finalement cela ne s’avèrera pas très difficile car les traces de pas sont assez nombreuses et visibles et la carte bien précise.

Les paysages d’approche sont déjà magnifiques, nous sommes vraiment impatients de voir si The Wave  est vraiment comme sur les photos.

Une dernière dune de sable et nous arrivons enfin. Eh bien oui, c’est comme dans les livres, comme dans mes rêves.

Ne me demandez pas comment cela a pu se former, quel mystère géologique a pu créer ce paysage, je ne le sais pas. Et puis je m’en fiche, je veux seulement profiter de ces instants, de cette merveille de la nature.

Le site n’est pas très grand, nous le parcourons dans tous les sens pour en explorer les moindres détails, les angles de vue les plus impressionnants, les éclairages le mettant le plus en valeur. Nous avons décidément beaucoup de chance et la météo est encore parfaite aujourd’hui.

Puis nous trouvons un autre petit site situé à quelques centaines de mètres appelé The Wave 2, moins extraordinaire que l’original mais tout de même très joli.

Nous retournons ensuite à The Wave après notre pique-nique,  savourer  cet endroit. Nous sommes maintenant seuls sur le site, alors on s’allonge au centre de la vague et on se laisse bercer par le silence et la beauté du lieu.  Un moment de bien-être  surement inoubliable !!!

Puis nous revenons sur terre car il faut maintenant faire la piste dans l’autre sens. Cette fois encore notre roulotte tiendra le choc, restera juste à enlever la poussière ayant envahi  tout l’intérieur du véhicule, même dans les tiroirs. Et je ne vous parle pas de l’état des vélos à l’arrière du véhicule.

Mais nous, on a vu The Wave !!!